L’armée du Troisième Reich occupe la Hongrie, pourtant alliée politique et militaire, le 19 mars 1944.
Embrassant les idéologies d’extrême droite, le ministre de l’Intérieur Andor Jaross, accompagné des secrétaires d’État László Endre et László Baky, lance les premières déportations le 17 mai depuis les grandes villes de Ruthénie subcarpatique (aujourd’hui en Ukraine) vers le camp de concentration d’Auschwitz.
Le marquage et la ségrégation
Initialement, la population juive de Budapest n’était pas destinée à être enfermée dans un ghetto clos.
Le 17 juin 1944, le maire Ákos Farkas ordonne que les « enfants hongrois d’Abraham » soient regroupés dans des immeubles désignés dans la capitale — des maisons marquées de l’étoile jaune de David sur leurs portes.
La plupart des hommes déportés vers ces maisons étoilées furent condamnés aux travaux forcés.
Ils furent employés à creuser des tranchées sur le front de l’Est ou affectés à la défense de Budapest.
Le diplomate suédois Raoul Wallenberg parvint à faire passer clandestinement 30 000 personnes de ces maisons marquées vers le ghetto international établi près du parc Szent István.
Une tentative de résistance
À la suite du coup d’État militaire raté contre le régent Miklós Horthy, la division blindée d’Esztergom bloque les accès à Budapest le 5 juillet.
Grâce à l’unité dirigée par Ferenc Koszorús, les Juifs de Budapest échappent temporairement à une extermination totale.
À cette date, 437 000 Juifs hongrois avaient déjà été déportés vers les camps de la mort.
La création du ghetto
Après l’arrivée au pouvoir de Ferenc Szálasi avec le soutien de l’armée allemande, l’État hongrois décide, le 29 novembre 1944, de créer le ghetto de Budapest.
Après ceux de Varsovie, Łódź, Lviv et Vilnius, cette enclave de 0,3 km² devient le cinquième plus grand ghetto d’Europe.
Les murs de la zone n’étaient pas en briques, mais construits à partir de planches de bois.
Le ghetto fut divisé en 10 quartiers, chacun supervisé par une personne nommée par le Conseil juif.
Les quatre entrées principales étaient gardées par des troupes armées.
Surpopulation et échange de propriétés
Comme 129 des 291 immeubles situés dans la zone appartenaient à des chrétiens, les Juifs transférés ici furent contraints d’échanger leurs propres logements contre ces nouvelles résidences.
L’État entassa 63 000 personnes dans 4 513 appartements à Erzsébetváros, soit une moyenne de 14 personnes par foyer.
Mort lente dans le froid
Lorsque le siège soviétique s’étendit à Budapest à partir du 27 décembre 1944, la mort frappa aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du ghetto.
Le manque chronique de médicaments, d’eau et de nourriture, les exécutions régulières, la faim et les privations poussèrent beaucoup au suicide.
Lors des rafles menées par les Croix fléchées, 8 000 personnes furent emmenées sur les rives du Danube pour y être exécutées.
La fin : famine, cadavres et fosse commune
À l’origine, les morts étaient enterrés dans des cimetières hors du ghetto.
Mais à partir du 3 janvier 1945, les cadavres furent entassés dans les rues, les vitrines de magasins et sur la place Klauzál, atteignant parfois 1,5 mètre de hauteur.
Ce n’est que grâce au froid intense et à la neige que des épidémies furent évitées.
Malgré les interdits religieux, 2 281 cadavres gelés furent enterrés de force dans 24 fosses communes situées près de la synagogue de la rue Dohány.
Libération
Le ghetto de Budapest fut libéré par l’Armée rouge soviétique le 17 janvier 1945, après un mois et demi d’« opération » militaire.
LE GHETTO DE BUDAPEST
"Hier, c’est kein Warum !"